• Composante

    PHILOSOPHIE

Discipline rare

Non

Description et objectifs

Introduction à l’éthique économique et sociale

 « La présupposition première de toute existence humaine [est] que les hommes doivent être à même de vivre. Mais, pour vivre, il faut avant tout boire, manger, se loger, s’habiller et quelques autres choses encore. Le premier fait […] est donc la production des moyens permettant de satisfaire ces besoins, la production de la vie matérielle elle-même. » (Marx, L’idéologie allemande, Ed. sociales, 2012, p. 26.)

Toutes les sociétés humaines doivent consacrer une partie de leurs ressources, humaines comme naturelles, à produire les biens et les services indispensables à la subsistance de leurs membres autant qu’à leur bien-être. Cela est vrai aussi bien des sociétés primitives de chasseurs-cueilleurs que des sociétés industrielles modernes. La répartition des tâches productives autant que des biens et des services entre les sociétaires constitue donc l’une des premières fonctions de toute organisation sociale et le bon ou le mauvais accomplissement de cette fonction détermine, pour une part importante, la qualité globale d’une société humaine : une société qui ne produit pas assez pour nourrir ses membres ou qui produit trop au risque de dégrader l’environnement naturel ou encore qui laisse se développer entre ses membres de très profondes inégalités de bien-être peut difficilement passer pour une bonne société, quelle que soit par ailleurs ses « performances » dans d’autres dimensions de la vie sociale.

Cependant, il serait illusoire de penser que la bonne organisation économique d’une société ne dépend que de la compétence et de l’honnêteté de ses gouvernants. Il est peu de gouvernants contemporains qui ne souhaitent assurer le plein emploi, favoriser la croissance, réduire les inégalités ou préserver l’environnement, ne serait-ce que parce que, dans une société démocratique, ce peut être une condition de leur réélection. Mais, pour atteindre ces fins, ils ne doivent pas seulement résoudre des problèmes techniques, relevant de la seule expertise scientifique : ils doivent aussi arbitrer entre des appréciations contrastées voire conflictuelles de ce qu’il est juste ou injuste d’imposer aux sociétaires en matière économique et sociale : est-il juste de taxer les très hauts revenus à des fins de redistribution ? Est-il juste de contraindre les chômeurs à accepter les emplois qu’on leur propose, quels qu’ils soient ? Est-il juste d’interdire à une entreprise de délocaliser ses activités à l’étranger ? Est-il juste d’orienter voire de contraindre la consommation des sociétaires en raison des effets externes négatifs qu’elle peut avoir ?

Si l’on appelle éthique la théorie rationnelle de ce que des êtres humains se doivent les uns aux autres (ainsi éventuellement qu’à des créatures non humaines) dans tels ou tels secteurs de leurs interactions sociales, on peut appeler éthique économique et sociale la partie de l’éthique qui s’emploie à déterminer ce que des êtres humains se doivent les uns aux autres du fait de participer à un même « procès social de production » (Marx).

L’objectif de ce cours sera de présenter systématiquement les thèmes centraux de l’éthique économique et sociale et, au-delà d’eux, les grands clivages éthiques et politiques qui divisent les membres des sociétés contemporaines dès qu’il s’agit de déterminer ce qu’est l’ordre économique juste et bon d’une société.

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Syllabus

Indications bibliographiques : Christian Ansperger & Philippe Van Parijs, Éthique économique et sociale, Paris, La Découverte, “Repères”, 2000 ; Daniel M. Hausman & Michael S. McPherson, Economic Analysis, Moral Philosophy and Public Policy, Cambridge, Cambridge University Press, 19961, 20062.

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